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INTERVIEWS DE ALESSANDRO DI
BENEDETTO
Navigateur, skipper,
conférencier, géologue de formation, Chevalier
de l'Ordre du Mérite de la République Italienne,
le franco-italien Alessandro Di Benedetto a établi
des Premières mondiales et Record du Monde homologués
avec ses traversées de l'Atlantique (1992 et 2002)
et du Pacifique nord (2006) en catamaran de sport sans cabine
(Hobie cat), en solitaire, sans escale et sans assistance.
Alessandro a réalisé, entre 2009 et 2010,
le tour du monde sur un voilier de 6.5 mètres, sans
moteur, sans générateur, en solitaire, sans
escale et sans assistance par les Trois Caps (même
parcours du Vendée Globe), en 268 jours de navigation
(Première mondiale et record homologué pour
le plus petit bateau de l'histoire de la navigation) . Alessandro
Di Benedetto a aussi terminé le Vendée Globe
(2012/2013), la Transat Jacques Vabre (2013) et la Route
du Rhum (2014) en classe Imoca (monocoques de 18,28 mètres).
L'EDITO du navigateur
Alessandro di Benedetto qui fait un point sur le Vendée
Globe - le 27/01/2021.
1/ RVPB : Bonjour Alessandro,
cette semaine est marquante avec les premières arrivées
du Vendée Globe avec le vainqueur officiel de cette
édition 2020/2021 après la comptabilisation
des compensations horaires (pour le sauvetage de Kevin Escoffier).
Que pensez-vous de cette arrivée si particulière
aux Sables d'Olonne à huis-clos sans le public, et
avec ces 5 bateaux en lice pour cette victoire tant attendue
?
Alessandro : Bonjour.
Ça pourrait être en effet une arrivée
"singulière" dans le sens que le premier
à couper la ligne d'arrivée pourrait ne pas
être... le vainqueur du Vendée Globe. Tout
en effet dépendra des moyennes que les premiers bateaux
vont faire dans les dernières heures mais peut aussi
se jouer sur une erreur, une manœuvre lente, une voile
mal enroulé, etc. Ça va être le suspense
jusqu'à la fin, surtout pour "calculer"...le
placement définitif des skippers sur le podium.
C'est vrai que l'arrivée sera forcément très
"triste" par rapport à celle que l'on connaît
en temps normaux... La dernière nouvelle est qu’un
cordon d'accueil de quelque centaines de bénévoles
sera autorisé, avec des marquages au sol, distanciation
de 4 mètres, etc. Rien à voir au bain de foules
auxquels nous...étions habitués. Je pense
que le "choc" sera surtout pour les skippers qui
ont déjà vécu un ou plusieurs départs
et arrivées avec des milliers de personnes, les deux
côtés du chenal recouvert de monde, de gens
qui applaudissent, qui acclament, des banderoles, une vraie
grande fête qui fait sentir chaque concurrent un "héros".
2/ RVPB : Que peut-on vous
souhaiter dans vos projets pour l'année 2021 ?
Alessandro : Pour 2021
j'espère qu'il y aura des solutions pour résoudre
le problème sanitaire actuel qui affecte profondément
nos vies, la santé, la liberté... J'espère
que ce désastre permettra d'éveiller les consciences
sur les problèmes du monde (par exemple le manque
de liberté, le paludisme, le manque d'accès
à l'instruction et les problèmes d'eau dans
les pays les plus pauvres), sur les inégalités
entre personnes, sur l'environnement à fin de mettre
en place des vraies actions.
Merci. Bonne soirée à
vous tous.
Alessandro,
L'EDITO du navigateur
Alessandro di Benedetto qui fait un point sur le Vendée
Globe et le Trophée Jules Verne - le 17/01/2021.
1/ RVPB : Bonjour Alessandro,
cette semaine Yannick Bestaven a perdu la tête de
la course dans sa remontée de l'Atlantique Sud au
niveau du Brésil à l'Est de Rio de Janeiro.
Que pensez-vous de ce changement de la tête de flotte
avec le retour de Charlie Dalin (situé plus à
l'Est) ? Les 9 premiers se tiennent à moins de 150
milles du leader. Le pot au noir risque-t-il encore de redistribuer
les cartes autour de l'équateur ?
Alessandro : La remontée
de l'Atlantique sud est longue...et, comme déjà
évoqué, avec des vents pas très stables,
surtout vers les côtes de l'Amérique du Sud.
Le décalage de Yannick Bestaven plus à l'ouest
par rapport aux poursuivants il y a une semaine, l'a fait
tomber à l'intérieur de zones avec des vents
faibles en lui faisant perdre tout son avantage. Bestaven
a dû tirer des bords pour se recaler plus à
l'est à fin de retrouver une bonne pression de vent.
La tête de la course a donc été prise
par Charlie Dalin puis par Louis Burton. C'est sûr
que la façon avec laquelle les 9 premiers skippers
vont sortir du Pot au Noir aura une influence importante
sur le classement final. Le passage de cette zone d'instabilité
est délicat. Si d'un côté il faut bien
étudier les fichiers météo pour choisir
le niveau où les vents vont être plus constants,
de l'autre il faut aussi un peu de chance...du fait que
à ce niveau l'évolution des "micro systèmes
météo" est si rapide que un bateau pourrait
filer à 15 nœuds pendant qu'un autre à
quelque miles se verrait bloqué pendant des heures
complètement à l'arrêt faute au calme
total voir même "reculer" légèrement
suite aux courants. Ce passage peut redistribuer certaines
cartes. Au sujet de cette dernière partie du parcours
la différence entre des bateaux qui auraient encore
l'usage à 100% de leur foils (ceux skippés
par Hermann, Burton, Bestaven) et ceux qui ont eu des problèmes
(ceux skippés par Dalin et Ruyant) devrait conter
beaucoup surtout avant l'entrée dans une probable
basse pression avant l'arrivée aux Sables d'Olonne.
Niveau classement il ne faut pas oublier les temps de compensation
que le Jury du Vendée Globe a accordé à
Jean Le Cam, Yannick Bestaven et Boris Herrmann pour leur
participation au sauvetage de Kevin Escoffier. Suite à
ça il y a des fortes chances que le vrai podium soit
différent par rapport à celui en relation
avec l'ordre de passage de la ligne d'arrivée. Je
tiens en fin à dire que je suis très admiratif
des skippers qui ont des bateaux sans foils et de 2007/2008
(Jean Le Cam, Damien Seguin, Benjamin Dutreux) et qui sont
actuellement pas très loin de la tête de la
course.
2/ RVPB : Isabelle Joschke
a dû se résoudre à l'abandon il y a
quelques jours à la suite de son avarie majeure sur
sa quille. Elle va essayer de rejoindre un port brésilien
d'ici une dizaine de jours avec l'aide de son Team manager
Alain Gautier et de l'équipe du Vendée Glboe.
Jérémie Beyou poursuit sa remontée,
il est 16e de la flotte au sud des Fakland et talonne Alan
Roura et Cali Boissières. Que pensez-vous de ces
deux infos ?
Alessandro : C'est vraiment
dommage pour Isabelle Joschke car elle faisait une très
belle course. Malheureusement c'est la "loi" du
Vendée Globe. Rien n'est sûr jusqu'au moment
où vous avez franchi la ligne d'arrivée entrée
la bouée Nouch Sud et le Bateau Comité...
Jérémie Beyou qui pendant que je vous réponds
a doublé Alain Roura et Arnaud Boissières
a fait une remontée incroyable et devrait "assez
facilement" rentrer dans le top 10 à l'arrivée.
De même pour Armel Tripon, actuellement onzième
et qui, comme Beyou, a à disposition un bateau à
foils de dernière génération.
3/ RVPB : Le maxi-trimaran
du Team Gitana skippé par Franck Cammas, Charles
Caudrelier et leurs hommes d'équipage sont partis
le 10/01 dernier à l'assaut du Trophée Jules
Verne. Ils sont actuellement en Atlantique Nord et devraient
se situer au large du Brésil d'ici dimanche s'ils
maintiennent leur vitesse pour rester compétitifs
face au record de Francis Joyon sur Idec Sport en 2017.
Que pensez-vous de ce record du tour du monde sans escale
et sans assistance en équipage ?
Alessandro : Au moment
où j'écris le multi Team Gitana skippé
par Franck Cammas contourne l'anticyclone de Sainte Hélène
et a une avance d'un peu plus de 280 milles sur le record
d'Idec Sport skippé par Francis Joyon en 2017. Il
est compliqué de comparer les records surtout vis-à-vis
des années de différence de conception des
deux bateaux. Les records sont faits pour être battus
et je pense que comme un jour le record de Joyon sera battu,
il se peut aussi qu’après... Joyon même
s'empare à nouveau du record. Un des plus gros problèmes
et aléas pour ce genre de record est la "fragilité"
des appendices, foils et safrans à foil lié
à la vitesse du bateau et à la possibilité
d'être endommagés en cas de collision avec
un objet flottant ou un mammifère marin. À
la vitesse que ces bateaux arrivent à atteindre parfois
pas loin des 50 nœuds (un peu moins de 100 km/heure)
même un cachalot ne fait pas à temps à
réagir pour éviter la collision... Si on exclut
un problème technique en cours de route, je pense
que un bateau de dernière génération
comme le Team Gitana peut battre le record de quelques jours.
L'EDITO du navigateur
Alessandro di Benedetto qui fait un point sur la course
- le 09/01/2021.
1/ RVPB : De nombreux concurrents
ont franchi le Cap Horn ces derniers jours et ont vécu
ce moment de joie unique de la course. Vous nous avez replongé
la semaine dans vos souvenirs lors de votre passage au Horn
au VG 2012/2013 avec votre vidéo,
comment s'était ensuite passé votre début
de remontée de l'Atlantique Sud le long des côtes
de l'Argentine ?
Alessandro : Mon passage du
Cap Horn en 2013 a été marqué par un
mélange de joie, satisfaction mais aussi un peu d'appréhension
lié à la présence de plusieurs icebergs
dans les parages. Avant le Cap Horn il y avait beaucoup
de brouillard. À la hauteur des Îles Diego
Ramirez j'avais pu détecter et donc les éviter
des icebergs grâce au radar. J'étais aussi
rentré en contact avec un bateau de pêche.
L'équipage m'avait dit à la VHF qu’ils
n'avaient pas encore vu d'icebergs mais qu'ils y en avaient
plein...tout autour! Autre moment de tension a été
le passage au sud-est du Burwood Bank, un banc sur lequel
la Direction de course nous avait signalé la présence
d'icebergs échoués et en désagrégation.
Suite à cette situation il était souhaité
de passer à l'ouest du banc et pas à l'est
comme j'ai été obligé à faire
faute au vent. Et pour finir, quelque jours après,
un dernier moment intense...: de nuit le bateau s'est couché,
je suis sorti à l'extérieur pour le remettre
sur la bonne route et pendant que je manœuvrais, une
vague a fait pivoter le bateau, chose qui a fait passer
subitement la grande voile d'un côté à
l'autre. C'est à ce moment que j'ai été
frappé par l'écoute et en tombant je me suis
cassé une côte. Cette nuit-là j'avais
aussi perdu une voile.
2/ RVPB : Faites nous un petit
point course, sur ce début de remontée de
l'Atlantique le long de l'Argentine des concurrents cette
semaine. Les problèmes d'instruments de vent pour
Miranda Merron, et les problèmes d'instruments aussi
et de vérin de quille pour Isabelle Joschke.
Alessandro : Comme déjà
évoqué, plus le temps passe et plus le matériel
s'use, se fatigue. Presque tous les concurrents ont eu des
soucis à bord. Chaque problème demande au
skipper de réagir le plus rapidement possible et
de réparer ou de trouver une solution. Un problème
d'instruments de vent va réduire la performance du
fait que souvent l'autopilote est réglé en
"mode vent". Cela veut dire que, une fois les
voiles réglées, la modalité "vent"
permettra de garder toujours le même angle antre l'axe
du bateau et le vent chose qui permet au skipper de pouvoir
prendre du repos. Si ce système tombe en panne, il
y a la possibilité de passer le pilote en "mode
compas", dans ce cas le pilote tiendra le bateau sur
un angle constant par rapport au nord magnétique.
Cette configuration demande un effort en plus pour le skipper
car il devra intervenir sur les réglages des voiles
à chaque changement important de la direction de
provenance du vent. Encore autre chose est un problème
de vérin de quille qui s'il n'est pas résolu,
comporte la fixation en position centrale de la quille avec
conséquence la baisse des vitesses du fait que il
faudra réduire la surface des voiles envoyés
parce que la quille ne pourra plus être basculée
au vent pour contraster la gîte. Récemment,
en plus de Miranda Merron et Isabelle Joschke, des autres
skippers ont communiqué des problèmes à
bord, Jérémie Beyou une voile endommagée,
Manuel Cousin un problème au pilote qui a fait coucher
le bateau et causé une déchirure sur la grande
voile, Sébastien Destremeau lui aussi depuis plusieurs
jours avec des problèmes au système de barre
et d'autopilote, Pip Hare a récemment dû remplacer
un safran endommagé.
Pour des questions de "stratégie psychologique"...
souvent ceux qui se disputent le podium ont tendance à
ne pas trop dévoiler leur faiblesses et soucis. Informer
par exemple d'avoir perdu une certaine voile donnerait des
informations importantes aux poursuivants au sujet de la
stratégie à adopter sur le parcours. Quelqu'un
qui est derrière, pourrait par exemple "pousser"
le bateau qui se trouve devant vers une zone où les
conditions de vent lui sont plus favorables par rapport
à la perte de voile du leader. Et ça du fait
que celui qui se trouve devant devra en quelque sorte "contrôler"
le poursuivant direct en se positionnant au maximum possible
entre lui et la ligne d'arrivée.
Actuellement 14 skippers naviguent avant Cap Horn (13+Samantha
Davies désormais hors course) et 14 après
Cap Horn. Ceux à l'ouest du troisième Cap
vont avoir encore à faire à quelque dépression
avant de pouvoir souffler un peu mais la stratégie
liée à la météo est assez limitée
du fait de la nécessité de faire de l'est
et de la présence de la limite des zones des glaces
à ne pas franchir au sud, ils se trouvent tous en
quelque sorte dans un "couloir" ... Pour ceux
qui ont passé le Horn la situation côté
météo et stratégie est plus intéressante
surtout à mon avis pour la partie au sud de l'équateur
où quelque petite "cellule de basse pression"
au large des côtes de l'Argentine pourrait influencer
certains choix de parcours. Pour certains skipper exploiter
les flux de vent qui viennent du sud et qui caractérisent
les bords occidentaux de ces cellules pourrait être
très tentant pour faire route au nord mais la vitesse
de déplacement de ces systèmes météo
et leur instabilité pourrait se révéler
contre-productif par rapport à un parcours plus à
l'est et qui, si en un premier temps obligerait à
une navigation au près serré, donc avec un
angle très serré par rapport à l'axe
du vent, dans un deuxième moment permettrait une
entrée dans le secteur ouest de l'anticyclone de
Sainte Hélène avec un meilleur angle par rapport
au vent, permettant ainsi une plus rapide approche à
l'équateur.
3/ RVPB : Un petit mot sur votre
confrère Italien Giancarlo Pedote qui fait une belle
course en 9e position.
Alessandro : Giancarlo, aujourd'hui
en 8ème position, est en train de faire une très
belle course à mon avis. Il a à disposition
un très beau bateau qui avait fait 4ème du
dernier Vendée Globe en 2016 en un peu plus de 80
jours avec Jean Pierre Dick et 1er à la Transat Jacques
Vabre en 2017 avec Yann Elies et Jan Pierre Dick.
Je pense que Giancarlo est en train de très bien
naviguer, il fait une très belle régate dans
le groupe de tête et en plus il fait partager beaucoup
son tour du monde et en "bon italien" il montre
aussi le côté cuisine de bord...tout en restant
concentré sur la course.
Il fait vraiment une belle performance et ça sera
aussi un très joli timing à l'arrivée.
Bonne journée et Meilleurs
Voeux pour 2021 à vous tous.
Alessandro,
- L'Edito du navigateur
Alessandro di Benedetto qui fait un point sur le Vendée
Globe - le 01/01/2021
1/ RVPB : Racontez-nous
un petit mot sur cette dernière semaine qui vient
de s'écouler. La majorité de la flotte est
dans le Pacifique et dans quelques jours les leaders aborderont
le Cap Horn.
Alessandro : Bientôt
le groupe de tête sera au Cap Horn. Je trouve remarquable
la performance de Damien Seguin, aujourd'hui troisième
mais aussi celle de Benjamin Dutreux et Isabelle Joschke,
sans compter la progression continue d'Armel Tripon qui
devrait bientôt rejoindre le groupe des premiers 10...
Je suis très curieux de voir les performances du
bateau de Tripon dans la "remontée" atlantique.
Après un peu plus de 50 jours de navigation, si d'un
côté les skippers ont acquis un "rythme",
une routine quotidienne qui passe par le repos, les réglages,
l'étude de la météo, la préparation
des repas, les réparations, la résolution
de soucis techniques et de santé, la gestion des
fichiers media, de l'autre ils doivent faire face à
une fatigue physiologique des matériaux, des équipements,
des voiles, du gréement, mais aussi de leur corps.
Des muscles comme ceux de jambes ont tendance par exemple
à plus souffrir des autres étant moins sollicités
que à terre. Cela demande une attention particulière,
la réalisation d'exercices pour faire face à
une perte de tonicité musculaire. La même attention
les skippers doivent la mettre pour garder en bon état
l'ensemble du bateau. La possibilité, avant l'arrivée
aux Sables d'Olonne, pour chaque skipper de pouvoir gagner
des places au classement actuel dépendra non seulement
des performances du bateau mais aussi du travail d'entretien
du matériel que chacun aura fait tout le long du
tour du monde. La condition de "santé"
dans laquelle un bateau passera Cap Horn sera très
importante pour décider si et avec quelle force pousser
les performances dans l'Atlantique. Une fois passé
le Horn, je suis aussi très curieux de voir les temps
de la "remontée" atlantique de Jérémie
Beyou par rapports aux vents qu'il rencontrera. Je crois
qu'il va avoir encore des belles "surprises" au
classement...
Pour tous les concurrents le passage du Cap Horn sera un
moment important et non seulement pour la course. Pour certains
sera la première fois du franchissement de ce Cap
mythique. Coté stratégie, si le passage devra
être effectué en même temps qu'une dépression,
ça sera le cas pour le groupe de tête d'ici
les prochains jours, chaque skipper aura le choix en gros
entre deux possibilités: la première étant
celle de passer au plus proche du Cap mais avec une houle
plus forte faute surtout à la perturbation causée
par la remontée rapide du fond océanique.
Cette possibilité permettrait de faire moins de chemin
et d'être rapidement protégé une fois
passée le Horn. La deuxième serait de rallonger
un peu le parcours en s'éloignant du Cap Horn chose
qui permettrait d'avoir des conditions de houle moins cassante
et donc de préserver plus le bateau. Dans les prochains
jours, chaque skipper du groupe actuel de tête aura
la possibilité d'utiliser cette dernière dépression
avant le Horn à fin de modifier de façon importante
son écart avec les autres, chose qui aura beaucoup
d'importance pour la mise en place de la stratégie
à adopter pour l'Atlantique.
2/ RVPB : Racontez-nous
un petit souvenir de votre Vendée Globe 2012/2013
lors des fêtes de fin d'année 2012, de votre
traversée du Pacifique et de votre passage au Cap
Horn.
Alessandro : Pour Noël
2012 je m'étais déguisé en père
Noël avec ce que j'avais trouvé à bord.
J'avais réalisé deux vidéos (vidéo
entière disponible à l'adresse
suivante) une avec le père Noël, l'autre
avec moi qui "sortait d'un sommeil magique" dans
lequel le père Noël m'avait placé pour
ne pas être découvert... La chose marrante
a aussi été l'effet que la première
vidéo a fait sur mon sponsor...Par erreur il avait
reçu la vidéo de moi et pas celle du père
Noël et il n'avait pas compris que il s'agissait d'une
mise en scène..., il pensait que je m'étais
vraiment endormi et que je commençais à "délirer"...
Pour la traversée du Pacifique, comme pour une bonne
partie du tour du monde, l'édition du Vendée
Globe 2012/2013 n'a pas connu de conditions très
dures. L'avancement était rythmé par l'étude
météo, le placement pour le passage de "portes"
à respecter (des traits imaginaires qu'on devait
passer et qui à partir de l'édition 2016 ont
été remplacés par la ligne de la limite
des glaces à ne pas franchir), mais aussi la préparation
de repas, de pates, crêpes, minestrone, beignets etc.
du fait que j'aime cuisiner et que je pense que la cuisine
est quelque chose d'important, non seulement pour améliorer
le quotidien, par exemple d'une navigation ou des périodes
compliqués comme celui que nous vivons lié
à la pandémie mais est quelque chose aussi
d'essentiel dans les contacts et échanges entre les
différentes cultures, tout comme le sport.
Le passage du Cap Horn a représenté pour moi
un moment magique, heureux. J'en garde intact les souvenirs.
Pour moi il s'agissait du deuxième passage (en 2010
j'avais franchi pour la première fois le Horn sur
le plus petit bateau, un 6,5 mètres, sans escale
et sans assistance. Apres 268 jours et un peu moins de 9
mois de navigation j'avais complété mon premier
tour du monde aux Sables d'Olonne sur le même parcours
du Vendée Globe) et du fait que la première
fois j'avais dû m'éloigner faute au mauvais
temps, je ne l'avais pas vu...
C'est aussi pour ça qu'en 2013 (Vidéo
ci-jointe )pendant le Vendée Globe j'ai pu me
rapprocher et l'admirer avec un passage effectué
à moins d'un mile après être passé
à côté de quelque iceberg que j'ai pu
identifier sur l'écran radar. Ce passage représentait
aussi pour moi un soulagement et une fierté vis à
vis de mes sponsors qui m'avaient fait confiance et des
salariés des toute les entreprises qui avaient participé
à cette magnifique aventure du Vendée Globe.
Merci à vous et bonnes fêtes
de réveillon à vous et à tous les auditeurs/lecteurs.
Alessandro Di Benedetto
- L’Edito du
navigateur Alessandro di Benedetto qui fait un point sur
le Vendée Globe – le 24/12/2020
1/ RVPB : Les navigateurs sont déjà
dans le Pacifique après 44 jours de mer. Que pensez-vous
de ce Vendée Globe 2020/2021 cette année avec
toutes les péripéties qu'ont connu les skippers
depuis le départ (le double départ de Beyou,
le chavirage de Kevin Escoffier qui a été
sauvé par Jean Le Cam en Atlantique Sud), la reprise
"hors course" de Sam Davies depuis Cape Town pour
continuer le projet solidaire pour les enfants autour d'Initatives
Coeur.
Alessandro : Le Vendée Globe
est toujours une course magnifique et les péripéties
sont une des composantes qui rendent cette régate
intéressante et attractive à suivre aussi
pour le grand public. J'ai été "frustré"
de voir le stop de Jérémie Beyou ainsi que
la halte définitive de Alex Thomson. Les deux faisaient
partie pour moi des prétendants au top 5 du classement
final. Je pense que Jérémie Beyou, actuellement
dans l'Indien, peut encore faire un beau classement et doubler
plus de 10 bateaux avant la fin de la course. Armel Tripon,
qui a connu aussi des soucis techniques, a un superbe bateau
et devrait rentrer assez rapidement dans le groupe des 10
premiers. Je pense que chacun des 10 premiers skipper au
Cap Horn pourra espérer de gagner cette édition.
J'étais soulagé d'apprendre le sauvetage de
Kevin Escoffier par Jean Le Cam. Chapeau à Jean qui,
en plus de ce remarquable sauvetage, fait une superbe course.
C'est dommage pour Sam Davies, aussi du fait qu'elle avait
dû abandonner suite à un démâtage
en 2012. Je suis content qu'elle ait pu réparer et
eu la possibilité de continuer même si hors
course. C'est important pour elle et pour le projet Initiatives
Cœur.
2/ RVPB : Les leaders successifs
de la course, Dalin et Ruyant avec leurs Imoca ont eu quelques
soucis avec leurs Imoca et maintenant c'est Yannick Bestaven
qui est leader dans le Pacifique, que pensez-vous des différentes
positions du peloton de tête et des "foilers"
?
Alessandro : Comme toute
machine performante aussi les Imoca et surtout ceux dotés
de foils (ces deux appendices latérales qui se retrouvent
à tours de rôle immergés dès
que le bateau gîte et que en ayant un profil alaire
créent une portance, une poussée vers le haut
qui permet au bateau de sortir de l'eau et d'accélérer)
sont soumis à des efforts considérables. Chaque
bateau étant pratiquement un prototype a normalement
besoin de pas mal de temps pour être fiabilisé,
chose qui devrait être faite avant le départ
du Vendée Globe et dans des conditions similaires
à celles du Grand Sud (houle parfois désordonné,
cassante, croisé, fortes accélérations
et vitesses élevées et donc des pressions/efforts
subis conséquents etc. moins ils ont) à fin
de limiter les surprises lors du tour du monde. Je ne suis
donc pas très surpris des performances de Yannick
Bestaven par rapport à celles de Ruyant et Dalin
qui ont à disposition des bateaux un peu plus récents.
Bestaven, non seulement est un très bon skipper mais
il a aussi un magnifique bateau qui a été
fiabilisé (l'ex SAFRAN du Vendée Globe 2016/2017,
plan Lauriot Prevot/Guillaume Verdier). Tout le groupe qui
actuellement...suit derrière est en train de réaliser
des très belles performances.
3/ RVPB : En tant qu'ancien concurrent
du Vendée Globe, vous avez été 11e
en 2013, quel était votre meilleur souvenir sur la
course ?
Alessandro : Je garde plein de souvenirs
de ma participation au Vendée Globe dans l'édition
2012/2013. C'est sûr que le passage du Cap Horn est
parmi les plus intenses mais aussi le départ et l'arrivée
sont inoubliables avec le public qui recouvre les deux côtés
du chenal, plus de 1,6 millions de visiteurs en quelques
semaines pendant le village aux Sables d'Olonne. Le côté
humain a été très important dans mon
projet qui a pu avoir lieu grâce à Didier Elin
le président de Team Plastique mais aussi à
tous les autres plus petit sponsors, à la participation
et soutien des salariés, sans oublier l'aide des
habitants des Sables d’Olonne, de La Chaume et des
amis.
4/ RVPB : Parlez-nous un peu de
votre actualité à venir ?
Alessandro : Parmi les différentes
idées..., j'aimerais développer un projet
de "bateau laboratoire" qui unirait le développement
des dernières technologies en terme de performances
et sécurité/survie en mer aux plus récentes
découvertes scientifiques avec une attention particulière
aux énergies renouvelables, à la recherche
sur les biomatériaux mais aussi à la divulgation
de valeurs de solidarité et égalité
entre peuples. L'enjeu est la recherche des sponsors...
5/ RVPB : Merci à vous, pour toutes
ces réponses Alessandro et on vous dit à bientôt
pour un prochain débrief RVPB du Vendée Globe.
Alessandro : Merci à vous
et à bientôt.
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